Anastasie
Voilà le doux prénom par lequel on désigne une réalité de la vie quotidienne en temps de guerre : la censure. Justifiée par la sécurité des troupes, elle est exercée par le ministère de la Guerre du début du conflit jusqu’en 1919 et concerne principalement la correspondance et la presse. Il importe en effet de ne pas laisser filtrer d’information stratégique vers les ennemis. Les courriers ne doivent donc pas contenir de renseignement relatif aux mouvements des armées. Les journaux doivent parfois supprimer des passages de leurs articles et, faute de temps pour revoir leur composition, ils paraissent alors avec des blancs. Dans la rue et les magasins, on exhorte même à la discrétion, dans la crainte de l’espionnage ennemi. Mais la censure, alliée à la propagande, a aussi des « vertus » psychologiques en évitant aux nouvelles trop sombres de circuler et de décourager. Les écrivains et les artistes se retrouvent parfois bridés et manifestent leur désaccord en caricaturant cette Anastasie aux grands ciseaux.